De l'importance des vœux, rendez-vous stratégique par essence

Au-delà de l'aspect protocolaire et parfois un peu désuet de "la carte de vœux", Laurent, Chloé, Audrey et Sébastien témoignent de l'importance que reprend aujourd'hui cet événement, pour les entreprises et les institutions.

Laurent Carte : Tout le monde accorde une importance fondamentale aux vœux, entreprise comme collectivité. Pourquoi ?

Audrey Bottau : La période de fin et de début d'année s'y prête : c'est un moment clef, l'heure des bilans mais aussi des mises en perspectives, des projets, des promesses. L'exercice est très difficile car les élus, les maires, les députés, les présidents de société, les directeurs généraux, les hauts fonctionnaires, transfèrent dans la carte de vœux l'ensemble de leurs préoccupations, passées et à venir, forcément stratégiques.

Sébastien Feissel : C'est d'ailleurs le moment où ils s'engagent en leur nom propre la plupart du temps, ce qui donne à la chose une importance supplémentaire. Une opération des vœux bâclée équivaut à un impair et est ressentie comme un échec personnel.

Chloé Magnan : D'où la pression qui est mise sur les créatifs, afin qu'ils trouvent l'idée juste, les mots qui conviennent, la bonne forme à donner à ce rendez-vous, pour illustrer au mieux le message à faire passer.

AB : Il faut aussi comprendre que, à l'inverse, c'est également un moment privilégié pour s'imposer, marquer sa différence, porter haut ses couleurs, donner de la voix à ce qu'on a à dire, se faire reconnaître... dans un contexte de saturation : tout le monde produit ses vœux au même moment, communique, fait savoir, donne à connaître. Chaque production est en compétition avec l'autre.

LC : Effectivement, il suffit de songer au nombre de cartes de vœux reçues par un Préfet pour imaginer que vouloir émerger dans cette montagne de messages n'est pas un exercice facile...

SF : Un Préfet, mais aussi des ministres, des chambres de commerce, des institutions, mais encore des collaborateurs, des associations d'entreprises, des clients, des habitants, des consommateurs... bref, une communication qui se veut quasiment universelle. Et dans ce chaos organisé, nous cherchons le moyen, comme tu le disais, d'émerger.

AB : C'est pourquoi il n'est plus question d'une simple carte de vœux, bien trop réductrice, mais de plus en plus de dispositifs sophistiqués ou de campagnes de communication dédiées qui donnent un signal fort, cohérent, en interne comme en externe, sur les choix, les enjeux, les stratégies, les perspectives d'entreprises ou des collectivités.

C'est devenu, en soi, un rendez-vous existentiel, puisqu'il résume la vision et la volonté de celui qui communique, en un temps court, donné et précis.

LC : D'où la complexité du sujet ?

CM : Oui, tout à fait. Comme le souligne notre article sur ce sujet et qui dresse un tour d'horizon des cartes de vœux à l'image d'un tour de France à vélo, il y a des plats trompeurs, des courses contre la montre, des sprints finaux, des courses en tête, des crevaisons, des essoufflements, des crampes. C'est un exercice non seulement délicat et subtil mais il fait aussi appel parfois à toutes nos ressources, à nos motivations, à tous nos muscles mentaux en quelque sorte, car il n'est pas simple, chaque année, de se renouveler créativement. C'est ressenti des fois comme un vrai défi !

AB : C'est pourquoi il est indispensable de coller à l'actualité du client, d'analyser plus profondément que de coutume son besoin, afin d'évaluer le véritable message qu'il a à formuler, l'idée qu'il veut faire passer, et ce à titre parfois personnel. Il faut faire preuve d'une vraie psychologie.

LC : L'exercice vous plaît-il toujours ?

CM : Oui, je le répète, c'est un défi à relever. Parfois on finit au pied du podium, parfois sur la plus haute marche. Mais cela reste une période grisante, quel que soit le résultat final.